Bilan Azerbaijan

 

  •  690kms parcourus
  • 48h de pédalage et/ou poussage et/ou marchage
  • nombre de pouces levés ou klaxons: à en avoir mal à la tête, les Azeris nous ont encouragé tout du long
  • Petit dico :le même qu’en Turquie pour beaucoup en changeant l’accent, pour le reste:
    • echec: âne
    • erdek: canard
    • toyuk: poulet
    • it: chien
    • at: cheval
    • gaz: oie
    • … comme d’hab on est bon pour communiquer quand il s’agit de nourriture!
  • La Surprise : On avait eu des retours assez compliqué avec la population, réclamant argent, pas du tout polis avec les femmes, nous avons connu l’inverse, un accueil de dingue, les bras et le cœur ouvert (peut être parce que l’on est passé par une route plus au sud que la plupart des cyclotouristes évitent en passant plus au nord)
  • Le point négatif, il est vrai qu’ils parlent beaucoup d’argent et que si l’on annonce un budget assez faible soit ils sont sceptiques, soit ils veulent vous donner de l’argent, en fait c’est juste de la curiosité et il n’y a rien de malsain la dedans, c’est juste déstabilisant pour des français.

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De Barda à Lankaran

Samedi 5 mai, réveil scotché au matelas, bon gros coup de flemme. Rapidement on décide de ne rien faire, on sort juste pour acheter de quoi faire une salade (mais quelle salade !). On passera le reste de la journée dans notre chambre à écrire un article, geeker et surtout à attendre le coup de fils de Noisette (Antoine) pour voir Margaux en robe de mariée (wahou trop belle).

Dimanche 6 mai, on remonte sur Enselle direction Agdzhabedi à 54 km, on en fera 84. Ne me demandez pas pourquoi car on ne sait toujours pas. Peut être toutes les invitations pour boire un çay ou manger nous on déboussolées, ou les slaloms entre les nids de poules nous ont perdus, ou la chaleur nous a fait chercher plus l’ombre que la route. On finit quand même par arriver, et par trouver 2 bonnes glaces.

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Lundi, on retrouve la route goudronnée en ligne droite avec soleil de plomb, du tout confort. On avance bien mais il y a toujours ces petits obstacles, aujourd’hui un assez original on nous propose çay avec  hammam, on prend juste le çay. Nous reprenons notre ligne droite jusqu’au village de Sarq pour faire le ravitaillement en eau. C’est au lavoir que l’on trouve de l’eau potable, et des dames sympathiques qui nous invitent à boire le çay chez elles. Nous passerons le reste de l’après midi à boire des çay, à faire le tour du village pour boire des çay, on nous propose de planter la tente dans le jardin poulailler, d’y faire notre toilette. Ensuite on mangera un bon poulet avec du riz aux raisins (plov), et on ressort pour une veillée sur tapis dans la rue à boire des çay . Heureusement qu’il fait chaud et que l’on transpire sinon on aurait inondé d’urine l’Azerbaïdjan (et on commence à avoir une super vessie). Durant la nuit, le seul être vivant à ne pas s’être aperçu qu’il y avait des étrangers, avec un drôle de vélo et une drôle de maison dans le village, s’est amusé à nous aboyer dessus…nuit difficile.

Mardi, on quitte nos villageois pour une journée aussi difficile que la nuit précédente. Nous démarrons sur notre belle ligne droite avec un joli vent de face, et au bout de 20 25kms changeons de ligne droite pour garder le vent de face mais enlever l’asphalte. Nous entamons les 40km de la célèbre route nommée « asphalte yok » (pas d’asphalte en français dans le texte). Et oui à chaque fois que l’on nous a demandé notre itinéraire on nous a dit ici : « asphalte yok », on ne peut pas dire que l’on ne savait pas. Mais en ce mardi 8 mai c’est un grand jour (oui c’est l’armistice on sait), aujourd’hui on a réussi à se payer notre propre çay et une théière pleine en plus! La technique, s’arrêter discrètement dans un lieu où il n’y a pas trop de monde, s’approcher du çay evi furtivement, et commander avant que l’on vous propose un çay et le tour est joué. En plus pour une théière c’est 1 manat soit 50 centimes d’euro et l’on peut boire au moins 6 thé. Pour ajouter au combo du thé on se paye un resto routier (pour fêter nos 6 mois de voyage) sur la route cabossée et l’on mange super bien en bonne quantité, ça fait plaisir. Au village de Hacirustamli, on s’arrête pour acheter de l’eau fraiche et du fanta, un monsieur habillé en treillis militaire passe à la supérette, repart, et fait demi tour 20 m plus loin. Il revient nous saluer et nous invite à boire un çay, ça tombe bien ça faisait longtemps. On se retrouve dans sa cuisine avec un çay, une assiette avec de l’omelette aux haricots et d’autres saveurs, du fromage, du pain, … On avait manger 1h plus tôt, et bien on a tout mangé pour lui faire honneur. Une fois la table débarrassée et fait en sorte que l’on reste dormir chez lui (il a mis Enselle et Bob à l’abris, et nous a appelé à l’aide car il n’arrivait plus à les faire tenir sur la béquille), il appelle sa voisine pour nous tenir compagnie (et peut être pour que l’on ne s’enfuit pas) pendant qu’il part en side car chercher de l’eau 3 kms plus loin (et accessoirement une bouteille à 40%). Sa femme, Nourida, nous rejoint, et le courant passe super bien avec notre Chacha, docteur en mimes et imitations, la voisine nous chauffe l’eau pour la douche au bois (pas d’eau courante, pas d’électricité le jour, et pas le gaz de ville). On passe une super soirée avec nos hôtes et leurs amis intimes, et à 2 (plus un micro verre pour Chacha) on videra une petite bouteille de spiritueux Azéri, c’est fête à la maison de Nourida.

Mercredi, nous prenons notre petit déjeuner, on s’est levé trop tard (7h) car ils voulaient profiter plus de nous. Nous leurs disons au-revoir le cœur lourd, se fut une merveilleuse rencontre. Le mari de Nourida nous raccompagne jusqu’à la route avec son fils (ah oui on ne vous a pas dit, mais on a organisé la veille au soir un mariage entre l’une des sœurs de Chacha et leur dernier fils, même s’il a une préférence pour Lisa plus jeune;) ), ils nous siffleront plus loin sur la route en nous faisant de grands signes ce qui fera reverser les larmes de Chacha (qui décidément à le coeur qui déborde ces derniers jours). On reprend notre slalom entre nid de poule, mais la route s’élargit ce qui nous permet de rouler au milieu de la route, comme ça les véhicules qui arrivent derrière nous, nous dépasse sur la droite sans qu’on les gène, et ceux d’en face nous croisent par la gauche normale. Par contre parfois ils s’emmêlent les pinceaux, et ceux de derrière nous doublent par la gauche et ceux de devant nous croisent par la droite, et des fois ils sont tous à gauche ou tous à droite ça fait que nous on ne trouve plus le milieu (et le milieu c’est merveilleux clin d’œil à Julien), heureusement la route est en ligne droite et il n’y en a qu’une sinon on y serait encore. Dans tout ça des voitures et des camions nous stoppent pour nous prendre en photo (avec ou sans Chacha), d’autres nous offrent de l’eau, un monsieur rentrant de ses courses nous avait doublé à l’aller (on ne sait pas par qu’elle coté mais son klaxon était rigolo) nous offre des fruits. On finit nos 40 km de « asphalte yok », reprenons le goudron, buvons un thé, grignotons, et nous nous remettons de nos émotions dans un hôtel à Balisuvar où se trouve une fabrique de sucre.

Jeudi, nous rejoignons Masalli par la grande route, Chacha est toute molle, la météo est lourde, la circulation est plutôt dense, la route est bosselée, les champs de fraises sont à perte de vue (mais pourquoi les ramassent ils déjà). Non on ne va pas se plaindre mais faire les touristes c’est fatiguant quand même. On nous paye un çay, on rigole, on fait la course avec l’orage, il nous rattrape, nous mouille un peu, on trouve un jolie refuge  pour passer la nuit et voir passer l’orage 30min plus tard, on a gagné.

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Vendredi, on prend les (ou la) petite(s) route(s), allant de villages en villages, on retrouve les obstacles mais comme la population est plus dense c’est beaucoup plus fréquent. On refuse donc beaucoup d’invitations à boire des çay, heureusement pour nos vessies, on en accepte d’autres pour soulager ces dernières. Une voiture nous stoppe pour nous offrir du pain, des oeufs dur et une banane (et de l’argent qu’on refuse), une autre nous stoppe pour nous offrir du pain et un poulet grillé farci le tout tout chaud, on a bien mangé le midi. La journée passe vite, et on arrive rapidement à Lankaran dans un hôtel où l’on est déjà connue, les employés on des photos de nous sur instagram!

De Tbilissi à Barda

Samedi 28 avril, nous passons une courte nuit car Chacha s’est mis dans la tête de convaincre un Italien qu’il a tord. C’est vrai que c’est bizarre de voyager et de dire que tous ses pays sont dangereux, que tous ces réfugiés c’est mal pour notre pays …et en plus il a un esprit assez fermé, mais bon Chacha essaye quand même de lui faire entendre raison (tout en essayant de ne pas perdre ses nerfs, et dire qu’on avait dit pas de politique en voyage). On part en direction de la frontière, les gens sont de plus en plus démonstratifs, est ce que c’est parce que l’on va bientôt quitter leur pays? et qu’ils nous encouragent à le faire vite?!?. Car si c’est ça c’est raté, je me sens tout mou, les jambes en coton, pas envie d’avancer. Tellement pas motivé que j’arrive à convaincre Chacha de s’arrêter à Rustavi. De toute manière c’est moi qui pilote, si je veux m’arrêter je peux, Chacha est obligée de me suivre. En même temps c’était facile de la convaincre il y avait la finale de top chef à regarder. On fait petite balade, on regarde top chef puis coupure d’électricité donc dodo.

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Dimanche, cette fois ci on passe la frontière et on poussera plus loin. Nos derniers kilomètres en Géorgie se font avec des gens de plus en plus souriants, nous disent plus facilement bonjour et les maisons changent. On arrive rapidement à la frontière entre Ruisbolo et Sagiqli, elle est toute petite c’est trop mignon. Les douaniers Géorgiens vérifient surtout si nos papiers sont en règle pour rentrer en Azerbaïdjan, en profite pour nous questionner sur notre voyage. Puis on passe côté Azéri, on doit faire passer nos bagages au scanner, c’est trop compliqué, alors juste une partie, les 1er que l’on a détaché. Vient le contrôle de nos papiers, qui ont déjà fait le tour de la douane, avec nous en personne. On laisse Enselle avec les douaniers qui en profiterons pour jouer avec les klaxons et pas qu’une fois. En fait c’est notre passage de frontière le plus rigoureux et le plus amusant, que des sourires, et des rires. Le grand portail métallique s’ouvre, au bout de 30min, sur un pays qui nous accueille comme des stars. Dans les villages chaque personne nous salue, quand on s’arrête les gens viennent nous prendre en photo, et si on fait une pause où il n’y personne, les voitures s’arrêtent pour nous saluer et prendre des photo. On finira notre journée à Asgafa où l’on devra vider une théière de thé avant de pouvoir trouver des sous.

Lundi, le départ est un peu difficile les jambes sont dures des kilomètres de la veille, mais nous sommes toujours des stars. Dans certains villages on a l’impression d’avoir une haie d’honneur lors de notre passage, tout le monde nous fait coucou, salut, c’est impressionnant. Nous nous arrêtons dans un parc pour manger, quelques curieux viennent nous saluer et poursuivent leur route. Nous repartons, mais avant de sortir du parc Chacha profite des toilettes, en revenant elle me retrouve au milieu d’une 20aine de personnes, aucun ne parle anglais, tous veulent savoir ce que l’on fait et surtout me prendre en photo avec Enselle, ou avec eux, puis avec Chacha (mais pas trop quand même). Beaucoup veulent nous inviter à boire le çay, manger, ce lundi on acceptera la théière offerte par Saïd, un bon çay pour faire une bonne pause en milieu d’après midi. On finit la route sur une piste défoncée, le long d’un camp militaire, à Semkir nous passons Enselle au Karcher, et faisons dodo après deux belles journées de vélo.

Mardi, nous avalons nos 45 petits kilomètres rapidement. Pour arriver à Gandja (non rien à voir,esprits mals tournés) qui est la 2eme plus grande ville du pays, en entrant dans cette ville nous entrons dans un autre monde. Déjà nous passons devant un immense parc, le plus grand du Caucase (et 5ème plus grand au monde avec 450 ha), nous y rencontrons 3 polonais voyageant à moto et l’on compare nos montures. Nous trouvons facilement notre hostel, c’est simple si l’on s’arrête pour réfléchir ou autre (genre juste boire un coup ) il y a toujours un courageux pour nous aborder qui attire les autres et nous trouvons donc quelqu’un pour nous renseigner. On s’installe, allons manger dans un restaurant qui nous sert des mini portions, la taille du plat est inversement proportionnel au goût, c’était très bon. On part se balader dans l’un des plus anciens parc du Caucase, visitons les bains turcs, la mosquée, …, cherchons une carte routière de l’Azerbaïdjan (on ne la trouvera pas) et finissons par faire les courses où les clients et les employés se plient en quatre pour que l’on trouve notre bonheur. Retour à la guest house où l’on rencontre un biologiste old school (naturaliste), qui recense les oiseaux du pays et aurait trouvé une nouvelle espèce.

Mercredi, nous nous préparons pour une nouvelle grosse journée de tandem, car on doit faire des détours pour éviter la route principale qui traverse le pays (un genre d’autoroute). On prend les rues en chantiers pour rejoindre le gros boulevard, qui nous amène à l’autoroute. Juste avant nous bifurquons à gauche et roulons sur une jolie route goudronnée, en arrivant à Qiyasli plus de goudron, des gens nous disent qu’il n’y a plus de route, on continue, une voiture nous stop et nous dit encore plus de route, plus d’asphalte, on répond que ce n’est pas grave. Un des messieurs nous demande de le suivre car sa femme parle anglais, ça ira mieux pour tout nous expliquer. On se retrouve à boire le thé, puis manger, puis interdit de partir on fait un long voyage faut que l’on se repose. Au bout de 20kms, 1h de vélo, on est invité dans une super famille avec qui on passera une super journée, Chacha échangera beaucoup avec la maman, moi un peu avec le papa (Elbrus comme la montagne) on ne parle pas anglais surtout lui. Mais en nous baladant tous les 2 dans les champs, je vais apprendre (et vite oublier) les herbes que l’on peut manger, on a bouffé un paquets d’herbes, tiges, feuilles, et autres … Il finira par m’indiquer un itinéraire pour rejoindre la frontière Iranienne et cette fois ci en passant dans un secteur où il n’y a aucune route même pas un chemin sur les cartes.

Le lendemain Jeudi, nous quittons nos hôtes non sans larmes, avec plein de nourriture en plus dans nos sacoches (confiture de rose, de mûres, sauce de grenade, halva, bonbons, gâteaux, citrons …)et passons par le chemin prévu avant que l’on ne les rencontre, Elbruz nous ouvre la route sur son vélo. On enchaine petit chemin, beau chemin, super asphalte tout neuf, route défoncée, toujours comme des stars. Nous essayons de faire des pauses dans des endroits où il n’y a personne ou peu de monde afin d’être un peu tranquille, mais il y toujours du passage et forcement des gens qui s’arrêtent certains juste pour nous donner de l’eau et prendre des infos et photo d’autre pour nous inviter à manger et dormir. En surmontant tous ces obstacles bien tentant nous parvenons à rejoindre la ville de Naftalan, célèbre pour son brut de pétrole réputé thérapeutique, pour bain antidouleur (rhumatisme) et cancérigène (pour info le brut de Naftalan, contient 50% de naphtalène ou naphtaline, vous savez l’antimite, connu pour son effet cancérigène). Nous y passons la nuit perdu au milieu de nul part.

Vendredi, un nouvel obstacle se dresse devant nous: le haut Karabagh. C’est une zone montagneuse, mais le problème ce ne sont pas les cols, c’est qu’elle est strictement interdites aux étrangers. Cette région est disputée entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, si on a bien compris ça appartenait à l’Arménie, puis les russes l’ont offerte à l’Azerbaïdjan mais l’Arménie pas content l’a récupéré par la force, depuis ils sont en guerre (en ce moment c’est la pause). Si on passe dans cette région, on peut se faire arrêter, et bannir des 2 pays. Notre route en dur passe par la ville Tartar, qui est à la limite de cette zone et la région Tartar en plein dedans. On hésite, les routes en piste esquive tous ça et c’est plus court (mais pas plus rapide). On retrouve les obstacles naturels du pays, pause çay qui finissent par vient manger et dormir à la maison. T’accepte un verre d’eau chaude aromatisée et tu finis en pyjama alors que tu n’as fais que 10km, et le pire c’est que tu es autant fatigué qu’une grosse journée de vélo, car tu essayes de te faire comprendre et de comprendre tes interlocuteurs toute la journée. On esquive, accepte une théière, arrivons à reprendre la route tant bien que mal, un peu plus loin on nous propose à manger on esquive il faut vider nos sacoches, et ça recommence. On se cache pour manger, on nous aperçoit, on nous propose donc à manger, que l’on refuse, un thé pourquoi pas et on doit dormir chez eux, on refuse.  On fini à Barda, dans un hôtel pour se reposer, Chacha va faire la paperasse, moi j’attends dehors avec Enselle et une 20aine de personnes qui me questionnent, me prennent en photo. Une fois installés, lavés, reposés, petite ballade en ville où on se refait photographier, enfin surtout moi, par des jeunes lycéens (et on est pas encore en Chine).