No man’s land à Bishkek

Dimanche 19 août, on petit déjeune avec les polonais et les anglais. Puis partons sur la même route, dans la même descente mais chaque couple dans son coin pas d’échange de concubin. Les anglais sont partis en premiers, nous les suivons de loin et les polonais nous doublent comme des fusées. Le décor est extraordinaire, est ce qu’être dans un désert depuis un moment fait que voir du vert rend le paysage encore plus beau? On descend tranquillement, profitant de cette beauté, d’apercevoir de haut sommets tous blancs sur ce fond bleu, on kiffe. On atteint la frontière, où l’on retrouve nos compères de la nuit passée et on redécolle dans le même ordre que ce matin. En arrivant dans la vallée, on découvre de nombreuses yourtes éparpillées autour de la route et surtout un nombre incalculable de chevaux. A la pause on retrouve Christine et Peter, qui ont essayé de se planquer pour manger, mais rien n’échappe à l’œil de lynx de Chacha surtout quand il s’agit de manger (est ce l’odeur des drop scones au nutella ?). On les laisse tranquille avec Tom qui lui aussi a du flaire, pour aller chercher une GH à Sary Tash, en fait on arrive les premiers et pouvons choisir la plus belle chambre. La chambre est immense et au calme mais la nourriture du soir n’est qu’une assiette de dessert de patate, c’est trop peu pour nous (oui le vélo ça creuse un tit peu quand même), mais on est encore trop fatigués de la veille pour se faire à manger, dodo.

Lundi, on prend une journée de repos, Peter et Christine de même. On change de GH pour avoir des repas plus conséquents, on peut même avoir un deuxième petit déjeuner (et ça c’est la classe surtout quand le premier ne comptait pas). On passe la journée à papoter avec d’autres voyageurs et cyclotouristes, on écrit le blog, petit check sur Enselle, achat de nos billets d’avion pour la …Corée du sud!!!!!! Quoi ?!? achat de billets d’avions?!? et pour la Corée du sud!?!?! Ben oui on allait pas aller en Corée du nord, ils ne servent pas grand chose à manger la bas. On s’est retrouvés devant un problème en Iran, car c’était le dernier endroit où l’on pouvait avoir un visa pour la chine, mais il n’est valide que 3 mois. On ne pouvait pas rejoindre la frontière chinoise en moins de 3 mois surtout que papa Charlène nous rejoint au Kirghizstan la dernière quinzaine de septembre. Les ambassades chinoises d’Asie centrale ne délivrent plus de visa aux non résidents, on aurait pu faire un aller retour au Népal pour faire nos visas chinois et de la randonnée, ou même en Mongolie, ou faire envoyer nos passeport en France pour faire faire nos visas. Ces solutions on y a franchement pensé, mais certains cyclistes rencontrés ont eu du mal à circuler dans l’ouest de la chine, ils étaient très surveillés par la police et dans l’impossibilité de bivouaquer. Surement à cause des problèmes avec les ouïgours ethnie minoritaire de cette région de la Chine persécutés par les Han, ethnie majoritaire qui gouverne la chine. Comme on a déjà été 2 fois en chine, et que l’on ne veut pas se prendre la tête, on a décidé de changer nos plans et directions la Corée pour pédaler sur des pistes cyclables avec toilettes tout les 5km (ou presque et ça ça n’a pas de prix), et borne wifi sur les aires de bivouacs (oui oui des aires de bivouacs!!!). Donc le 2 octobre direction Séoul, on retournera sûrement en chine mais dans d’autres conditions. Maintenant dodo.

Mardi, petit déjeuner avec tout le monde, je suis au taquet, trop envie de pédaler. On est les premiers à partir, achat d’eau (flemmingite de filtration), et direction le premier col de la journée. Pour rejoindre Osh, la route devrait nous prendre 3 ou 4 jours 4000m de descente et 2000 à monter. On commence donc par un col, on voit que la route monte bien, mais on est en forme, on prend notre petit rythme et on monte facile. Au milieu petite pause boisson (eau) et Chacha papote avec un écossais, moi je veux pédaler, je bous mais je ne dis rien pour ne pas être impoli (mais quelle pipelette). On repart, on grimpe Chacha force plus que d’habitude, moi aussi, on avance bien et atteignons le col assez rapidement. On refait une pause (eau + pipi + bounty ), on remonte sur Enselle et on entend un sale bruit. Je check le roue arrière et ne vois rien de suspect (franchement je ne sais pas comment j’ai pu louper ça). On remonte sur Enselle, on profite du petit plat descendant du col pour vérifier que les freins freinent avant d’être dans le descente. Et le frein arrière ne freinent pas du tout. On s’arrête, je regarde de nouveau en me focalisant sur le frein arrière, constat le disque n’est plus fixé sur la roue (what the f*** ! à#@&). Les vis sont absentes, pire les pas de visses sont cassés (carrèment arrachés). Le pire dans tout ça c’est que j’ai vérifié chaque vis d’Enselle à Karakul et aucune ne s’était dévissée dont ces 6 vis, étaient encore présentes la veille, je les ai regardées vite fait. On est dégouté, ça pleure, une envie d’abandonner Enselle nous vient à l’esprit mais ce n’est pas possible de faire ça (on l’aime quand même notre petit Enselle mais ça commence à faire beaucoup). André, un suisse qui finit le col en poussant, nous rejoint, nous remotive et veut même nous payer un taxi (trop gentil cet André). On arrête des voitures qui ne peuvent rien faire pour nous, en plus c’est l’aïd, jour férié. Une voiture nous trouve une solution, ils appellent de la famille qui ont un taxi pour nous emmener à Osh. Durant le trajet, on ne parle pas, on déprime, on ne regarde même pas le paysage, Chacha demande juste au chauffeur de ralentir pour que l’on reste en vie. A la GH on retrouve Dominique et son pote (canadiens rencontrés en Ouzbékistan), c’est un mécanicien de vélo, qui hallucine sur tout nos soucis mécaniques (d’après lui on a vraiment pas de chance). Et la il n’en revient pas, il n’a jamais vue une casse comme celle ci et surtout sur ce moyeu (supposé indestructible et n plus après seulement 800km avec lui)… Bref une belle journée déprime on va se coucher demain est un autre jour.

Mercredi, on va squatter le café brio car internet y fonctionne bien, les cyclistes y vont obligatoirement. On y trouvera internet, des muffins, des cheeseburgers, des frites, mais pas de cyclistes. On rentre en ayant envisagé différentes solutions, ce qui nous remonte le moral. Et encore mieux, Dominique a rencontré un allemand (que l’on a rencontré sur la Pamir et qui voulait nous donner son pneu de secour à l’époque c’est le pneu qu’on avait explosé), il veut bien nous donner sa roue arrière. On est trop heureux, car c’est une très bonne roue qui nous convient bien. On démonte sa roue, enfin il la démonte tout seul sous les yeux de Dominique (le mécanicien professionnel) qui se fout un peu de lui car il utilise des outils pas très pratique et met 3h à le faire. Puis on démonte notre roue pour échanger cassette et disque, mais notre cassette ne veut plus sortir, on se rend compte que notre moyeu à plus de problème que ce que l’on voit et nos compères cyclistes se rendent compte que l’on a des jambes bien plus solide que les leurs. J’oubliais Dominique et ses amis ont fait la Shokhdara vallée et ils ont aussi été très surpris que l’on soit passé par la avec Enselle et Bob. On finit par sortir la cassette grâce à Dominique (merci le caillou), mais problème il nous manque 6 vis plates pour fixer notre disque (les 6 vis sont sûrement quelque part sur la route). On explique à l’allemand que l’on peut trouver d’autres solutions, lui nous en donne mais elle sont trop farfelue pour nous, comme changer tout notre système de freinage pour prendre son (tout petit) disque. En fait plus le temps avançait, plus il prend les gens de haut, et faisait des âneries comme mettre ses doigts plein de graisse sur le disque. Il ne veut pas nous laisser sa roue si elle n’est pas complétement en état de marche. Il est 22h et le bazar est fermé. Impossible de trouver des vis à cette heure ci. On lui dit qu’il ne veut pas vraiment se séparer de sa roue, ce que l’on comprend, et qu’il peut repartir avec sa roue que l’on n’en veut plus, on trouvera une autre solution. Ce qui est drôle, c’est qu’il a dit que l’on transportait trop de matériel, mais il a été très content d’utiliser nos outils pour remonter sa roue (fouet à chaîne, démonte cassette, clef à mollette …). Dodo déprimés et énervés.

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Jeudi,c’est la déprime on va donc se remonter le moral au bazar en dépensant des sous. Pour changer on achète du tissus qui peut servir de tapis, ou s’accrocher au mur ou à prendre la poussière. On fait un crochet par le bazar à vélo où l’on trouve plein de truc même des moyeux sans roulement mais rien qui peut nous aider. On va donc manger dans un petit bouiboui de la nourriture frit avec un petit thé pas frit mais bouillant (on sent que la déprime est là, pas de sourire même devant la bouffe). Et comme dessert geekage au café brio, ce sera brownie au chocolat. Retour à la GH, manger et dodo, journée où l’on retrouve les fondamentaux : tissus, manger, dodo.

Vendredi, pas mieux que la veille, on traine à la GH, on a envi de rien, juste on regarde nos mails pour voir si les choses avancent. Vers 17h on rejoint le café brio pour voir Christine et Peter (ça nous fait plaisir et nous remet du baume au coeur), et surprise des nouvelles de DT swiss. Les choses avancent, ils veulent bien nous renvoyer un moyeu spécial tandem au prix professionnel. Ils sont surpris que l’on ait cassé leur moyeu réputé incassable, mais faut pas nous dire cela, c’est comme les crayons de papiers dit incassables qui se plient et que l’on a tous cassé en le pliant trop pour voir si il va casser. On nous avait déjà vendu une roue incassable de descente, où l’on a cassé plusieurs rayon, une roue libre et pour finir une jante qui n’a pas supporté le poids (on avait bien allégé la roue arrière pourtant). Et là ce fameux moyeu incassable on l’a pété comme il faut, pas de vis cassés, et il ne tourne plus correctement ce qui est normalement ça fonction principale (oui pour ceux qui ne savent pas ce qu’est un moyeu ben c’est ce qui fait que la roue tourne !). Enfin on rigole bien de nos malheurs avec notre couple d’anglais qui eux tentent pour une 3ème fois d’avoir leurs visas Chinois en Angleterre (ils ont 2 passeports chacun). Ça fait du bien, on rentre à la GH le cœur un peu plus léger, et 6kg en moins pour moi, 8 pour Chacha perdus sur la Pamir.

Samedi, on part pour la capital, Bishkek, la veille on a fait réserver un taxi par la GH, ils ont du prendre des photos du vélo pour savoir s’il pouvait nous embarquer. On nous négocie un prix, il vient nous chercher à la GH à 7h, puis on va prendre d’autres passagers. C’est ce qui aurait du se passer mais dans la série bad luck … d’abord le chauffeur prend peur en voyant la quantité de nos bagages, 4 sacoches de vélo, la remorque et un sac à dos, la remorque peut aller sur le toit normalement, ah j’oubliais un énorme sac de sport rempli de sacs de couchages oubliés qu’on ramène à leurs propriétaires. Le chauffeur hésite, c’est bon on peut charger la voiture, problème il a peur pour son toit les pédales ne sont pas réglementaire pour lui et risque de faire des rayures, voir de cabosser sa jolie voiture au parechoc cassé (on a beau lui dire que notre vélo et tout pareil qu’un vélo normal sauf la taille … il tente de démonter les pédales à la pince plate). Il est debout sur sa voiture à déplacer Enselle pour ne pas abimer sa voiture, Enselle a 2 doigts de tomber par terre, je n’ai jamais vu ça et pourtant on en a vue des chargements bizarres sur les voitures, comme un scooter une fois. Il me tend au plus haut point (et pourtant contrairement à Chacha, Damien a pour deuxième prénom « patience »), je lui dis de me passer Enselle, et je le charge de nos bagages on va le pousser jusqu’au taxi de Bishkek tant pis pour lui si il ne veut pas de nous et de nos sous. Chacha est d’accord avec moi, ça fait pratiquement une heure que le chauffeur tergiverse, on est pas d’humeur à faire les yeux doux, la fille de la GH s’excuse et est désolée pour nous. Le chauffeur nous dit que personne voudra de nous avec un vélo comme ça. On arrive au carrefour des taxis communs, on s’accorde avec un chauffeur sur un prix, tous nous demande un prix élevé à cause du supplément bagage (tous les touristes voir locaux payent un supplément bagage). On trouve le prix un peu gros, on demande si le taxi est juste pour nous et si il nous paye le plov à midi, il dit ok (car le prix demandé est le prix pour le taxi complet). On va à sa voiture, re-problème il n’a rien pour fixer Enselle et Bob sur le toit, il part donc avec un autre chauffeur chercher des sangles (enfin c’est ce qu’il nous a dit), sauf que si le taxi est pour nous pourquoi ne met on pas tout à l’intérieur ?!. Pendant qu’on l’attend, un autre chauffeur nous propose de nous emmener, il nous donne un 1er prix à 4000com (com monnaie kirghize prononcé soume) que l’on refuse, puis il voit Enselle et la il revoit son prix à 7500com et la on accepte bien sure (je rigole). On attend patiemment puis un peu moins car le temps passe et il faut 12h pour faire le trajet, Chacha par chercher notre chauffeur qui discute avec d’autres chauffeurs, mais il nous indique que l’on va bientôt partir. Les 2 chauffeurs reviennent avec les cordes mais on change de voiture et de chauffeur par contre le prix reste le même, d’autres clients montent avec nous, ce qui nous fait râler (bon français que nous sommes et on le fait comprendre surtout qu’on paye pour toute la voiture). On finit par accepter, on doit donner une avance pour l’essence (lol), l’avance notre chauffeur n’en voit pas la couleur. Un des clients voit que l’on se fait « arnaquer » (on paye le prix touriste), et donne son avis, il est remis en place mais il descendra quand on prendra d’autres clients qui eux aussi passent d’une voiture à une autre (des femmes en perdront un bagage). Un belge d’origine russe monte avec nous, parlant russe il sert de traducteur aux curieuses, lui aussi à eu des soucis avec un chauffeur Kirghize sur la pamir, ils ont du l’abandonner car il préférait faire la fête avec ses amis au lieu de faire ce pourquoi il était payé. Sur la route on essaye de profiter du paysage malgré l’humeur maussade, je dis bien on essaye car le chauffeur se prend pour Ayrton Senna et on risque de finir comme lui. Il arrive à fond dans les virages le plus intérieur possible et freine tout en tournant, ce qui fait crissé les 4 pneus et déraper la voiture. En plus il a une automatique et ne sait pas utiliser le frein moteur, donc les freins on les sent je parle bien de l’odeur. Tous les passagers voient leurs vies défiler à chaque tournant, on n’a presque tous dit au chauffeur de se calmer et de ralentir, les mamies à l’arrière prient tout du long (méga rassurant). Heureusement que sa voiture n’a pas trop de puissante ce qui fait qu’en montée on respire pour mieux retenir son souffle dans les descentes. On arrive donc à Bishkek en vie et de nuit en ayant du payer notre repas de midi (adieu plov offert). A la GH, re-surprise on avait réserver un dortoir de 4 et l’on se retrouve dans une petite chambre à 6, ils nous disent que c’est pas grave c’est le même prix, ça passe pour une nuit, demain c’est promis on a le droit à notre dortoir à 4 pour le même prix, dodo on en peut plus.

résumer de nos jours à Osh :

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Une réflexion sur “No man’s land à Bishkek

  1. Maman 9 septembre 2018 / 21 h 44 min

    En effet y a de quoi perdre son sang froid…. Mais cette mésaventure doit bien avoir son utilité… Pause, repos voir le pays d’une autre façon… Faire le plein de chocolat.. Peaufiner le voyage….. Allez courage,et patience ça va s’arranger.. Bisous à vous deux

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