De Téhéran à Mashhad

Lundi 11 juin, après une nuit difficile pour moi, tourista le retour, nous sautons dans le métro direction l’ambassade Turkmène. A l’ambassade nous croisons des motards polonais, qui font des doigts d’honneur cachés à l’ambassade en remplissant les papiers. Et 2 néerlandais voyageant en land rover version van, Kim et Jasper, beaucoup plus tranquilles et respectueux de la paperasse pour mettre toute leurs chances, comme nous, de leur côté afin d’avoir nos visas de transit de 5 jours. On retourne chez nos hôtes préférés, qui ne sont pas encore en France ils y débarquent pour la fête de la musique. Surprise chez eux Enselle n’est pas seul, 2 compagnons français l’ont rejoint, on papote tout l’après midi avec Benoit et Laura. Le soir, eux prennent un bus pour Mashhad, nous avec Vahid et Sahar, allons dans un parc rejoindre tout un groupe pour rompre le jeûne pour ce soir. On fait connaissance, retrouvons des personnes qui ont fait le trek avec nous, Sarah, Nasser, Leily…, et un orage nous tombe dessus, il y a tellement de vent que des branches cassent, même un arbre tombe à quelques mètres de nous. On remballe tout, et finissons la soirée chez Leily, pour boire le thé.

Mardi, après la courte nuit et la belle journée de la veille nous avons du mal à émerger. Nous allons à la poste pour renvoyer des affaires en France, puis retournons chez nos hôtes pour écrire le blog et geeker, profiter de Vahid et Sahar qui essayeront Enselle, peu convaincus.

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Mercredi, on dit une 2ème fois au revoir à nos amis (tout en espérant que ce ne sera pas la dernière fois), et allons chercher notre bus avec Enselle qui nous mènera à Shahrud. De cette ville nous allons suivre l’itinéraire tracé sur mesure par Vahid, et testé par nos prédécesseurs. Nous savons que pour le bus on va nous demander des sous, ça commence par 100000 rial, je vais donc faire de la monnaie pour payer c’est vraiment pas chère. Quand je reviens Chacha a réussi un tour de force, passer de 100000 rials à 1000000 de rials puis à 400000 rials, je sais une envie de négocier lui a pris. En tout cas c’est moins chère que prévu, normalement c’est 1000000 rial à ce que l’on a compris. Nous arrivons à 18h30, un peu tard pour rouler surtout après les pauses photos avec Enselle. On nous indique un parc pour camper, on n’est pas seul et arrivons à temps pour ne pas avoir à camper sur le parking. Petite nuit au son des tam tam.

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Jeudi, les choses sérieuses reprennent tranquillement après les 10km de jonctions de la veille, nous faisons 30km de vélo aujourd’hui pour rejoindre une tombe (?!). Avant de partir Chacha allant se brosser les dents pendant que je finis de ranger nos affaires, découvre le petit oiseau d’un monsieur lui proposant d’aller aux toilettes, elle l’envoie balader. De retour, elle est passablement énervée, surtout surprise de cette expérience dans ce pays où l’on se sent toujours en sécurité. Nous montons sur Enselle, et devons en redescendre aussi vite. En parlant de sécurité 2 policiers contrôlent nos passeports, pour la première fois en Iran. Enfin on décolle, petite pause pour faire des courses, se faire prendre en photo, ça ne nous déplait pas car on a un bon vent dans le nez. Au bout des 30km on s’arrête à Qahno e Xaraqan, on pose la tente près de la tombe de Shaik Abul Hassan. C’est un poète voyageur, qui a demandé que ce lieu soit un refuge à tous les voyageurs quelque soit leur religion, nous y avons donc de l’eau, des toilettes et un emplacement pour la tente le tout gratuit comme dans les parcs. On y rencontre un cycliste iranien, qui tente un record du monde que l’on n’a pas compris, il est à fond nous offre des tas de trucs, même sa chambre pour la nuit que l’on refuse. Et 2 autres iraniens qui galèrent avec leur tente et le vent, on les aide à l’accrocher à côté de la notre car il y a moins de vent. Et on passe la soirée ensemble, on finit par déménager dans un autre coin car il y a trop de vent. Le temps de déplacer nos tentes, 2 policiers sont venus rien que pour nous pour contrôler nos passeports avant que l’on se couche.

Vendredi, après avoir dit au revoir à nos compagnons de soirée, nous montons sur Enselle vers 8h il ne fait pas encore trop chaud. Nous suivons la route principale, petits arrêts photos, courses, contrôle de papiers c’est déjà une habitude. La route grimpe ainsi que la température, mais pas un point d’ombre, le moral commence à descendre autant que la température monte on se demande si on va arriver à faire nos 1000m de dénivelé positif. C’est sans compter sur les Iraniens qui nous offrent eau fraiche, pastèques, nous accompagnent en moto. On quitte la grosse route pour passer le col, au loin en haut on aperçoit un bel arbre c’est notre objectif pour la pause de milieu de journée. On s’installe dessous, pour manger, se reposer, voir ce qu’il nous reste à accomplir, pas beaucoup de kilomètres mais pas mal de dénivelé. On repart, en faisant des pauses très régulièrement durant l’une de ces pauses on nous propose d’embarquer nos bagages pour la dernière rampe. Et aller savoir ce qui s’est passé dans nos cerveaux, peut être une surchauffe, on a refusé !!!! Je ne vous raconte pas le petit morceau qui nous restait à gravir, pas long mais à croire qu’ils ont mis la moitié du dénivelé à la fin juste pour nous cramer. Arrivés au col, on profite du paysage et de la bonne sensation de 50km de descente 2000m dénivelé négatif. Nos cerveaux, toujours à l’ouest (surtout le mien), nous disent aller on descend au lieu de profiter de la fraicheur de l’altitude (et du paysage magnifique). Dans la descente c’est le tour de France à l’Alpe d’Huez, des campeurs, des piques niques, des stands dans les moindre recoins, même plus un coin pipi pour Chacha de libre. On continue donc de descendre et on fait les 50km, arrivés à Azad-Shar on est vidé, on n’a plus de freins non plus. Un bon samaritain nous invite chez lui, pour la première fois Chacha ne peut pas enlever son foulard à l’intérieur, ils nous offrent une bonne douche, à manger puis s’en vont chez le père de madame pour nous laisser dormir tranquille, après avoir vue l’Iran gagner contre le Maroc en Russie.

Samedi, nos réveils sonnent à 7h ainsi que nos hôtes qui frappent à la porte, synchronisation parfaite. Ils nous préparent le petit déjeuner, nous proposent de faire un tour dans la jungle mais on ne veut pas abuser de leur générosité, on refuse ils n’insistent pas c’est qu’ils n’en avaient pas très envie. On part en direction de Gonbad e Kavus, où un warmshower nous attend, on choisit l’itinéraire bis à travers les champs de blé en transformation pour devenir des rizières. Mon GPS qui fonctionne plutôt bien à parfois des bugs, normalement elle annonce que l’on va bientôt tourner, parfois je vois un croisement au loin, je lui demande quelle direction faut prendre et j’ai ma réponse juste avant le croisement, et quand ça bug ça fait ah ben c’est ici qu’il fallait tourner, ou on aurait du changer de route il y a 100m. Souvent ça se passe quand mon GPS est fatigué ou en train de profiter du paysage et veut faire durer le plaisir, aujourd’hui je crois que c’est un peu des 2. On arrive donc à destination après quelques détours en plus du détour déjà prévu. Nos hôtes viennent nous chercher en voiture sponsorisé Peztl, nous dormons chez Shafi. C’est un voyageur qui a fait du cyclotourisme en Europe avec son frère dans les années 90, il a un joli manuscrit de son voyage. Ce serait vraiment intéressant de pouvoir le lire car on lit souvent des voyageurs occidentaux dans les pays orientaux et jamais l’inverse. Bien sûr on lui pose des questions sur son voyage avec son frère, pour lui ça a été un peu compliqué car il ne parle pas anglais, ils ont été plutôt bien accueilli bien qu’à Paris ils se sont fait jeter dehors par leur hôte au bout d’une semaine, de même au Luxembourg. La raison est qu’en Iran quand on est invité chez des gens on ne paye rien et on peut rester un petit moment et ils pensaient que c’était de même en Europe, ce qui est vrai pour quelques jours mais une semaine voir plus je ne pense pas. Il a fait d’autres voyages à vélo en Iran dont il a l’air plus fier. Nous passons l’après midi à discuter, faire la sieste, avec lui, sa petite sœur et son fiancé avant d’aller voir la tour de brique (la plus haute tour de briques au monde) et de faire une omelette de patate. Puis il nous joue de la musique avant que l’on se couche sous la tente dans le salon.

Dimanche, petit dèj, puis on enfourche nos vélos pour aller voir la tour de brique, et Shafi nous accompagne sur une portion de la route, il adore faire des photos et filmer. Il nous laisse poursuivre notre route en direction de Kalaleh, on s’arrête un peu plus loin pour je ne sais quelle raison et on finit avec une pastèque pour le petit dèj. On la partage avec les gens autours de nous qui refusent tous avant d’en manger. On poursuit notre route toujours sous le feu des flash des smartphones, le soleil chauffe toujours autant. On fait une pause à l’ombre d’un arbre, on nous offre de l’eau glacée, et un certain Hamed nous invite chez lui à Kalaleh ça tombe bien. On discute tranquillement avec lui et d’autres personnes quand on entend des pneus crisser et un choc de carrosserie. Une voiture doublait un camion, le camion a fait un écart, ce qui a déporté la voiture qui au lieu d’être au milieu de la route sur la ligne blanche s’est retrouvé sur la voie d’en face où une voiture arrivait en face. Heureusement elles ne se sont pas percuté de face, en se déportant la voiture s’est mis en travers et l’autre lui est rentré sur le coté arrière. Ça a fait du bruit,des tonneaux, mais pas de blessés tout le monde sort des voitures, les gens avec nous nous disent de déguerpir au plus vite, on les écoute. Comme on est parti un peu tard on enchaine les pauses à l’ombre, et les rencontres, certains nous donnent leur téléphone pour aller dormir chez eux. On arrive à Kalaleh, où on se fait inviter dans un café pour un café et de l’eau bien fraiche. Hamed nous rejoint pour nous emmener chez lui, où l’on a le droit à une bonne douche, un bon repas, puis sa femme (Halimeh) qui rentre de ses examens de biochimie nous accompagne dans la sieste avec leurs 2 enfants pendant qu’Hamed retourne travailler. C’est la pleine saison des moissons, et il tient une compagnie de blé et colza, en fait il rassemble toute le production locale pour la revendre partout en Iran. Le soir Chacha fait des pizzas avec Halimeh on attend son mari pour manger et dormir et il rentre très tard 12h largement passé.

Lundi, on ne peut pas décoller trop fatigués par ces petites nuits que l’on enchaine, et ils insistent vraiment pour que l’on reste. La journée ce passe tranquillement, on répare les vélos des petits, jouons avec eux, on est présenté au reste de la famille. Halimeh se plaint beaucoup, elle a pas de sous, des examens difficiles, mal à la gorge, mal à la dent, sinusite, le téléphone de son mari est cassé… elle a vu plusieurs médecins qui n’ont rien trouvé, ils ont une très belle maison, et une voiture, et elle a un portable samsung aussi grand qu’une tablette, une cuisine toute équipée comme on en a rarement vu en Iran. On ne pense pas qu’ils soient les plus à plaindre en Iran. Hamed rentre super tard du travail, il est déçu que l’on soit déjà couché mais il est déjà 1h du mat et on voudrait partir tôt demain matin.

Mardi, malgrés la fatigue on se lève, range nos affaires, prend notre petit déj, dit au revoir, l’ambiance est triste et bizarre. Au bout de 10km le téléphone n’arrête pas de sonner, c’est Hamed qui nous dit que sa femme est très en colère car on n’a pas laissé d’argent. Chacha explique qu’ils nous ont invité,que la veille elle leur a proposé de l’argent pour payer les courses, qu’ils ont refusé et qu’en plus la veille quand nous faisions nos achats perso on a eu toutes les difficultés à payer nos courses et qu’elle a refusé plusieurs fois que l’on lui laisse de l’argent. On poursuit la route, il devrait nous rattraper en voiture quand il ira au travail pour qu’on lui laisse un billet. Il nous rejoint, vue qu’ils sont très croyant Chacha lui fait gentiment remarquer que la cupidité est un vilain défaut (elle est un chouillat énervée), elle sort le portefeuille en montrant les rials qu’il nous reste (ah tiens il faudrait peut être qu’on fasse un peu de change d’ailleurs car il reste pas grand chose) et avec la fatigue, l’énervement de la situation se met à pleurer. On veut lui donner 100000rials qu’il refuse catégoriquement même si on lui met dans la voiture. Il donnera de sa poche de l’argent de poche à sa femme, en fait il nous a arrêté pour s’excuser, nous souhaiter bonne route, et qu’une personne nous attend à Islamabad, Chacha en pleure d’autant plus. On reprend notre route, et nous le retrouvons un peu plus loin à son travail, les camions défilent pour se charger en blé, il nous remplit nos gourdes et nous lui disons une dernière fois au revoir. La route grimpe de plus en plus à travers les montagnes, entre les champs de blés. On cherche un coin pour manger, puis pour faire passer les grosses chaleurs de l’après midi, voir planter la tente. On trouve une glace aux fruits, de l’eau fraiche, et un monsieur en tracteur qui nous propose de nous faire grimper la côte à bord de son tracteur. On n’hésite pas longtemps à lui dire oui, au sommet il nous propose de dormir chez lui. On hésite, mais des policiers en civil viennent nous contrôler nos passeport, Charlène sur la défensive leur demande leurs cartes de policiers car rien n’indique qu’il le sont vraiment, ils ne les ont pas, Chacha leur lance un « no police card, no passport » et ils s’en vont. Ils repartent tout en sachant que le monsieur nous a invité. Pour lui éviter tout ennui on décline son invitation d’autant plus que nous ne sommes plus très loin d’Islamabad où l’on est attendu. Chacha aura comme réflexion, je comprend mieux les français qui en ont marre de se faire contrôler tous les jours pour délit de faciès. On se fait une belle descente à travers les champs de blé tout jaune, pour rejoindre Saïd notre hôte du soir. Il nous laisse sa maison des moissons pour nous tout seul, voisine de celle de son frère, ils vont moissonner presque toute la nuit. La maison c’est 2 pièces auxquelles on accède par l’extérieur, la salle de bain est un genre de piscine avec poissons et moustiques à coté de la maison et les toilettes au fond du jardin sont sans toit, mais on s’y sent vraiment bien surtout après la petite discussion avec les frères et leur fille avant qu’ils partent travailler.

Mercredi, on essaye de partir tôt, ce qui nous vaut un peu de fraicheur, et de belle lumière. Le paysage est désertique, c’est magnifique, ah tient un terrain militaire, ah des missiles plus ou moins prêts à partir en direction du Turkménistan, bon, on va s’abstenir de prendre des photos. La descente laisse place à la montée comme la fraîcheur à la chaleur, on cherche un coin pour manger au bord de la route mais bizarrement dans les déserts il n’y pas d’arbres pour faire de l’ombre. On s’installe sur un parking avec le tarp pour se faire de l’ombre, mais le petit vent qui nous pousse depuis ce matin ne l’entend pas de la même manière, le tarp ne nous servira pas cette fois ci. Quitte à griller au soleil autant pédaler, nous avons toujours nos petits coups de mous, et il y a toujours un Iranien pour nous fournir eau fraiche, fruits, certains partent à l’avant pour nous acheter ne serait ce que de l’eau glacé (le meilleur de tous les cadeaux). Nous arrivons à Ashkhrane, et devinez qui nous stoppe, des policiers en tenue en voiture officielle et avec leurs cartes, contrôle de nos passeports, de nos visas, toutes les pages sont photographiées. Avant de nous laisser repartir on fait la pause, pour qu’ils se photographient en contrôlant nos passeports, ce qui fait bouillir Chacha. Arrivés en ville on rejoint un parc pour camper, un jeune homme nous dit que c’est le repère des drogués (fumeur d d’opium), on en doute il n’a pas l’air de connaitre la ville. On demande aux commerçants voisins si l’on peut planter la tente, ils nous répondent pas de problèmes, et pas besoin de payer. Le soir le parc est blindé de tentes, de tapis, et tout le monde paye pour garer leurs voitures. Un écran est installé pour regarder le match de l’Iran contre l’Espagne, nous on dort.

Jeudi, on dort un bien grand mot, je n’ai pratiquement pas dormi, des gens nous ont offert des cacahuètes salées. Ils ne devaient pas avoir les doigts très propres car j’ai fait une belle indigestion, vomi + diarrhée toute la nuit. Au matin après les 90km de la veille et cette nuit je suis épuisé, je ne peux rien avaler à part de l’eau sucrée et du thé et je rêve de banane aller savoir pourquoi (on n’en trouve pas). Chacha range tout, plie la tente et moi je me morfond dans ma bouteille d’eau sucré, je l’aide juste à tout poser sur Enselle. Direction la gare la routière, qui est vide juste 2 responsables qui nous indiquent où sont les minibus et l’hôpital. On prend la direction des minibus pour Bojnurd, en fait si la route était plate ou descendante je l’aurais bien tenté dans mon état mais on a 50 km de montée sous la chaleur (plus de 800m de dénivelé positif) je ne le sens pas du tout. On croise un minibus devant un garage on s’arrête pour demander où se trouve exactement la station des minibus, de la ils nous expliquent que l’hôpital n’est pas loin mais on veut juste un bus pour Bojnurd et un hôtel pour se reposer à l’abri des iraniens (ils sont adorables mais parfois épuisants). Un monsieur en scooter comprend notre demande, et nous dit de le suivre jusqu’à la station. La tout s’enchaine Enselle grimpe sur le toit du minibus, nos sacoches et bob sont rangés dans le coffre, le prix négocié pour nous, nous partons pour Bojnurd dans un bus complet on attendait plus que nous. On arrive à la ville, une demoiselle nous rejoint au fond du bus pour nous demander si on va bien à l’hopital. On lui répond que non, que j’ai juste une tourista, elle comprend qu’on doit aller au restaurant, on veut juste un hôtel pour se reposer, ils semblent comprendre. Tout le monde descend du bus, sauf nous, interdiction formelle de mettre un pied à terre. Le chauffeur va chercher sa direction pour nous déposer on ne sait où, il nous demande si on a une tente on dit que oui mais qu’on va à l’hotel (avoir des toilettes à proximité nous parait important aujourd’hui). Il prend le boulevard périphérique en scrutant les bâtiments, arrivés au bout il nous montre un parc, on lui dit ok tant qu’on récupère Enselle on peut rejoindre un hôtel (voilà ce qui se passe dans nos tête : s’il te plait arrête toi, tu nous as conduit dans la ville que l’on voulait rejoindre, arrête d’essayer de nous aider, c’est gentil mais c’est trop, libère nous, on en peut plus). Il longe le parc, on pense qu’il va au rond point pour faire demi tour et nous déposer sans que l’on ait à traverser le boulevard mais non. Il s’arrête au rond point pour prendre des renseignements, on ne peut toujours pas descendre. Il revient et nous montre un hôtel du doigt de l’autre coté du rond point, on lui répond ok, tout ce qu’on veut c’est descendre du bus, et bien non il repart pour faire 100m. On peut enfin descendre du bus, récupérer nos affaires, et on va voir ce fameux hôtel. Je suis tellement crevé que j’accepterai n’importe quel prix, je me retrouve dehors à attendre Chacha qui se renseigne, négocie, puis fait la paperasse, ça me parait une éternité. On monte enfin dans la chambre, où je dors tout le reste de la journée sans manger. Le soir Chacha m’oblige à sortir pour acheter à manger, je grignote, elle dévore. Puis gros dodo tous les deux.

Vendredi, réveil difficile, je vais mieux mais c’est pas la forme, juste monter 2 étages et j’ai des vertiges. On pense qu’il est plus raisonnable de rester à l’hôtel, on passe la journée à geeker, je mange, je vous écris l’article précédent. On vous poste l’article qui précède le précédent, et comme d’habitude en Iran on galère avec internet et tous ses filtres et mauvaises connexions.

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Samedi, je me réveille en pleine forme prêt à pédaler, et patatras c’est au tour de Chacha qui est vidée (dans tous les sens du terme, désolé pour les détails) mais elle ne peut rien avaler et a des vertiges. Une journée de plus au lit, qu’est ce qu’elle a la bouffe dans cette région? Je vous écris donc cette article et pour internet c’est encore plus galère.

Dimanche, je pète encore plus la forme, je n’ai qu’une envie c’est de pédaler. Chacha, c’est pas encore ça mais elle peut manger. On reprend donc la route sur Enselle, qui lui aussi trop motivé se casse un rayon, on s’arrête pour le changer, je n’ai même plus besoin d’enlever le pneu pour remplacer les rayons en 10min on démonte la roue et la remonte pratiquement comme neuve. On roule tranquille, profite du paysage mais les touristas nous ont usé physiquement, Chacha a du mal à pédaler. On atteint Shirvan, et son parc, on n’a pas le temps d’acheter des boissons fraiches que des pompiers nous disent de nous installer par là et d’autres gens de se poser par là. On reste au milieu le temps de boire nos boissons, puis on rejoint les pompiers. Ils nous disent posez Enselle ici, installez vous ici, on est crevé on marche au pas, ou plutôt on se laisse tomber sur la pelouse là où ils nous l’ont indiqué. En fait les pompiers avaient un plan, qui est de nous faire attendre à proximité une personne qu’ils ont appelé. Cette personne parle anglais, est prof de sport et ancien volleyeur, il s’occupe aussi des touristes. Il veut donc qu’on aille chez lui, on hésite, car aller chez les gens veut dire échanger avec eux, suivre leur rythme de vie, et ce n’est pas de tout repos. Mais le feeling passe bien avec lui et sa fille, on suit donc Mohbina et son père chez eux. Ils sont super compréhensif, nous laissent vraiment le choix de si l’on veut visiter la ville ou rester relax chez eux, de manger ou non, et de faire la sieste. On reste donc chez eux, mangeons à notre faim, faisons la sieste, regardons le volley avec des amis à eux, remangeons et nous nous couchons tôt (merci pour cette compréhension). On a passé un super moment avec eux, étant une famille plutôt sportive ils comprennent que ce n’est pas toujours facile d’enchainer une journée de vélo et de beaucoup échanger avec les gens, ils ont été au top.

Lundi 25 juin, nous prenons un bon petit déjeuner avec cette sympathique famille, et reprenons la route un peu plus tard que prévu mais heureux de cette rencontre. On profite donc bien de la chaleur, avec de belles lignes droites, on rêvasse chacun sur notre selle. Ce qui me fait penser, on dit que voyager à vélo permet aussi de faire un point sur notre vie, d’envisager le futur différemment, de prendre conscience de certaines choses. C’est surtout ce dernier points qui fait travailler le cerveau Chacha, des petites réflexions philosophiques sur la nature des choses comme par exemple quand on croisait les cerisiers fleuris « qu’elle est la probabilité qu’une fleur donne une cerise, surtout quand on voit le nombre de fleurs sur un arbre? », ou « qu’est ce qui pousse les animaux à se reproduire instinctivement? » »d’où vient l’instinct? », et bien d’autres questions qui risquent de vous donner mal à la tête. Donc son cerveau devait turbiner à l’arrière et moi devant je rêvassait tellement que j’aperçois qu’au dernier moment un hérisson écrasé sur notre trajectoire. La roue avant roule dessus malgré la tentative d’évitement, et ce qui devait arriver arriva quelques kilomètres plus loin la roue est à plat avec un pic de hérisson dans le pneu. Première crevaison d’Enselle, le temps de lui coller une rustine et on repart dans nos rêveries. Arrivés à Gouchan, on trouve un jolie parc avec ses emplacements pour les tentes, on se pose et ne bougeons plus. Des gens viennent nous poser quelques questions habituelles, nous offrent de la nourriture, un porte clefs à l’effigie de leur ayatollah, et prennent des photos, nous on mange et on dort. Nous serons réveillés par les cris des supporters de foot, l’Iran joue contre le Portugal.  Ah oui j’oubliais un détail, aujourd’hui nous avons fait une pause téléphone, pour appeler l’ambassade du Turkménistan et bonne nouvelle nos visas nous attendent au consulat de Mashhad.

Mardi, on reprend la route toujours pas assez tôt pour moi surtout que l’on a 80km à faire pour rejoindre Chenaran et faire des courses. Pour commencer on fait un détour de 3km, puis on recasse un rayon, finalement on est dans les même horaires que d’habitude. Sauf qu’aujourd’hui, le faux plat est descendant, et le vent dans le dos. La route est la même que ces derniers jours, 2*2 voies au milieu des champs de blé et autres avec des montagnes de part et d’autres, tout est dans les couleurs jaunes avec un beau ciel bleu, et des tornades que l’on arrive pas bien à photographier. On atteint notre objectif de la journée, comme d’habitude vers 13/14h, on pose pied à terre entre un joli parc et des commerçants. Nous ne sommes pas encore descendus de vélo qu’un monsieur nous saute dessus, débitent des mots perses à une vitesse folle. Il nous fatigue encore plus que la journée de vélo en moins de 2min, on lui dit en perse que l’on comprend rien de ce qu’il dit, il recommence, et recommence de plus en plus fort, on veut lui crier dessus TA GUEULE (oui on sait c’est mal), on lui répète que l’on comprend pas en français, en anglais, en perse mais il continue. Ca dure 5min le temps que d’autres gens lui expliquent que l’on comprend rien à ce qu’il dit et il repart en voiture. Nos sauveurs, nous posent les questions habituelles auxquelles on sait répondre, on décline les invitations car on veut dormir tranquille dans le parc. Chacha part faire les courses, moi je reste avec les gens, on échange paisiblement, puis l’un d’eux me demande si j’ai prévenu la police que l’on allait dormir dans le parc (?!?). 30s plus tard la police s’arrête à côté, cette fois ci pas pour nous demander les passeports. Il me demande si je parle anglais, je leur fait comprendre que je n’ai pas une grande maitrise en la matière mais que ma femme qui fait les courses parle beaucoup mieux que moi l’anglais. Tout ceci est confirmé par mes acolytes iraniens qui en plus leurs expliquent notre voyage et que l’on veut dormir dans le parc, ils sont admiratifs et nous félicitent. De la une autre voiture s’arrête, ça à l’air d’une personne plutôt importante vue comment les policiers lui parlent et c’est reparti pour lui expliquer notre démarche. Il faut encore décliner des invitations, d’autant plus qu’un autre officiel débarque. Chacha revient enfin avec les courses et me voit au milieu de cette attroupement. Il faut préciser que l’on a qu’une envie, c’est de s’installer dans le parc (qui en plus est très beau et au calme en retrait de la route), manger et profiter des arbres qui rafraichissent l’air, de l’ombre quoi. Et tous ces gens veulent que l’on aille chez eux, puis dans les bâtiments de la municipalité, ils insistent lourdement, en prétextant que c’est dangereux de dormir dans le parc. On finit par les suivre pour voir ce que c’est la municipalité et si l’on peut y dormir confortablement. Ils nous proposent un bout de pelouse qui est à l’ombre car le soleil est à midi mais après c’est fini, on est entouré de clôture et d’un tout petit carré de pelouse au bord de la route ça fait pas rêver. Un autre personnage débarque, nous offre son casse croute que l’on accepte machinalement on en peut plus (du coup il avait plus rien à manger, désolé). Dans leur conversation, on comprend que le parc n’est pas plus dangereux que tous les autres parcs, ils ont juste peur que l’on ait des désagréments, aprés une lutte acharnée pour refuser leurs invitations, cela à dut prendre presque deux heures, et une Chacha tendax (I don’t WANT => Why you don’t want => because I DON’T WANT => but why it is very safe here , it is the government, ouai ben raison de plus …pfiou), une éternité pour nous, on peut aller s’installer dans le parc. Le temps de dévorer le riz avec un ragout d’herbe (c’est trop bon), que le monsieur que nous a offert, on le voit débarquer avec un autre personnage, retour du mode on est sur la défensive (c’est plus fort que nous à ce moment là). C’est le maire de la ville, il nous offre un glace à la rose et éclats de pistaches, discute un moment avec nous de notre voyage, de leur région, de tourisme, autour d’un thé que l’on à préparé. Puis ils nous laissent nous installer (après avoir refusé le restaurant, le spectacle, le concert, le hammam, le musée …), en demandant à tous les employés municipaux de faire attention à nous. C’est à dire qu’à chaque fois que des gens (et en particuliers enfants) restent un peu trop longtemps autours d’Enselle, sentent que les personnes sont trop collantes, un employé arrive pour les faire partir gentillement. Comme d’habitude dans les parcs on échange avec nos voisins, on se fait prendre en photo, se laissant offrir des glaces, et en plus cette fois ci le maire nous offre un tapis et une ceinture lombaire fabriquée dans la région avec de la matière première régionale: le poil de mouton (nos tentatives de refus sont veines et on va devoir se trimbaler le tapis). Et on peut se coucher tôt avec la bienveillance des employés municipaux.

Mercredi, on quitte notre joli parc, après un petit déj offert par les employés. Aujourd’hui on quitte la route principale, pour une petite route parallèle. On roule à la fraicheur matinale et sous l’ombre des arbres. On arrive à Mashhad, dès l’entrée on nous offre bonbons, eau fraiche et glacée, jus de fruit, de quoi reprendre des forces pour affronter le traffic de Mashhad. C’est une horreur, le code de la route est juste un conseil, des voitures nous serrent par la gauche pour discuter, pour des photos, pour tourner, pendant que des motos nous doublent par la droite. Dans les carrefours les voitures sont dans tous les sens, certains sont sur la voie plus à droite pour tourner à gauche pendant que les voitures de droite vont tout droit et que les motos grillent les feux rouges. On est au milieu de tout ça, je sens Chacha tendu à l’arrière (elle qui d’habitude fait ça princesse de la communication avec les voitures, cette fois elle leur fait comprendre en français dans le texte que ça la gonfle, je crois qu’il est temps de changer de pays) et je n’en mène pas large, je joue du sifflet pour que les motorisés sachent que l’on est là, je ne révasse plus comme l’autre jour bien concentré sur la route et la circulation, c’est épuisant, on frôle les voitures tout autant qu’elles nous frôlent, heureusement que le trafic est saturé ce qui fait que les voitures ne roulent pas vite. Comme nous sommes arrivés un peu tôt, nous nous installons dans un parc pour manger et faire la sieste dans l’herbe. Mais on se fait virer au bout de 2h car c’est interdit, on rejoint donc nos Warmshowers. Toute la famille nous accueille les bras ouverts, on sent que l’on va passer de bons moments avec eux, on a le droit à une petite sieste après le thé(c’est l’heure pour tout le monde), dinons ensemble et ils nous envoient au lit pour que l’on se repose bien.

2 réflexions sur “De Téhéran à Mashhad

  1. Maman 22 juillet 2018 / 9 h 12 min

    Quelle aventure !
    RESPECT…
    VOUS ÊTES TROP FORTS
    JE VOUS AIME
    PRENEZ BIEN SOIN DE VOUS

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  2. Pierre-Marie G. 22 juillet 2018 / 10 h 30 min

    Quel plaisir de lire vos aventures ! J’espère que tout va bien ! Profitez bien

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