Téhéran

Mardi 22 mai, direction l’ambassade d’Ouzbékistan, 1h30 de transport en commun et de marche à pied. Avant d’aller à l’ambassade nous faisons un détour pour que Chacha fasse des photos d’identité, la photographe dit qu’il lui faut 1h pour les faire, on lui demande si ce n’est pas possible de les faire plus rapidement car l’ambassade ferme dans un peu plus d’une heure, ça n’a pas l’air possible. On fait les photos, puis elle nous dit de nous assoir, on s’installe confortablement, je joue au go pour patienter, Chacha prend son mal en patience, pour que 10min plus tard on sorte avec les photos. Heureusement car nous nous sommes trompés, les visas ne se font pas à l’ambassade mais au consulat qui n’est pas au même endroit (logique), il n’est pas très loin mais il faut savoir d’abord qu’elle direction prendre, et où il se situe exactement car on ne comprend pas l’adresse qui est affichée sur l’ambassade (on est peut être pas bien réveillés). On demande, mais les rares passants ne savent pas, on consulte google map qui lui sait, et hop au trot de Chacha nous parcourons les quelques centaines de mètres, il nous reste 15min avant que ça ferme. On aurait pu y aller pour l’ouverture, mais les photographes ne sont pas encore réveillés à cette heure là. La consule Ouzbèke sort son nez par la porte quand nous arrivons, nous salue, prend tous nos papiers, ressort son nez 5min plus tard pour nous dire que c’est « perfect » et de revenir dimanche matin avec 110 dollars, oui car en Iran le week end c’est jeudi et vendredi. Du coup pleins d’énergie, nous retournons au métro à pied et non en bus en passant par l’ambassade du Turkménistan pour être sûrs que c’est le bon endroit pour faire les visas et voir les papiers qu’il faut préparer. Nous faisons une petite pause sur le chemin dans un mignon petit parc, trouvons l’ambassade à la bonne place pour faire les visas, consultons l’affichette indiquant les horaires et les papiers qu’il faut ramener, enfin c’est Chacha qui le fait moi je reste à l’écart car je suis barbu et les poils au visage sont motifs de refus pour les visas donc je reste discret, on sait jamais. Puis nous rejoignons le métro avec une faim de loup, on trouve des sandwichs (alléluiah ou mashallah plutôt), mais on n’ose pas les manger c’est ramadan et on ne voit personne autour de nous manger (en même temps il 14h). On finit par les manger à l’appart avant de préparer une ratatouille pour nos hôtes qui ont adoré ce plat (en même temps ce sont de nouveaux végétariens non extrémistes).

Mercredi, on traine un peu, on se sent vraiment bien chez Vahid et Sahar (ils nous ont vraiment bien accueillis) et tout semble naturel entre nous. A 12h nous prenons la direction du musée et du parc Qars, ce qui nous fait une petite balade à pied. Nous arrivons dans un jolie parc, avec une ancienne battisse qui a servi de palais, puis de prison politique, et maintenant de musée. Malheureusement c’est fermé pour cause de ramadan, ils font des nocturnes de 16h à minuit. Nous rentrons donc à pied, en buvant un jus d’orange frais et grignotant un pain sucré super bon, les iraniens font d’excellents pains, pour Chacha meilleur qu’en france, je n’irai pas jusque là c’est sûr qu’il est meilleur que le pain industriel que l’on trouve de plus en plus dans nos boulangeries, mais notre pain traditionnel croustillant avec sa mie moelleuse, il n’y a rien de meilleur (chauvain, moi je préfère le barbari topping sésame seeds fraîchement sorti du four toute la journée). Je me satisfais quand même bien du pain iranien, Sahar est surprise de tout le pain que je peux avaler le matin et à 4h si bien qu’il n’y en a plus le soir (c’est quand même moi qui vais le chercher tous les matins au réveil). A 17h nous rejoignons nos hôtes pour faire les courses pour les 2 jours qui suivent, puis discussions et préparations de nos affaires pour notre week end à la montagne (on rappelle week end = jeudi vendredi).

Jeudi, nous finissons de préparer nos sacs à dos, la nourriture et rejoignons le points de rendez vous avec 10 autres Iraniens et le minibus. En fait c’est un groupe, qui forme comme une association, pour faire de la montagne tous les week ends. Une fois que tout le monde est là, on embarque dans le bus, on fait un petit tour de présentation pour les nouveaux dont nous et commençons à manger, tout le monde partage avec tout le monde. Les estomacs pleins certains s’endorment d’autres papotent encore, plus on se rapproche de notre destination plus on peut admirer la plus haute montagne d’Iran, le mont Damavand (5610m) et surtout le plus grand cône du monde car c’est un volcan. Nous, nous gravirons la montagne en face à un peu plus de 3800m, mais avant cela nous devons installer notre campement à 1h de marche du parking. Première étape de notre expédition (car pour eux ça en est bien une):la préparation, Chacha et moi on ferme nos sacs à dos et les mettons sur le dos après avoir enfilé nos petites chaussures de marche, pour d’autres c’est plus compliqué. Pour eux cette expédition est synonyme de liberté, les foulards tombent remplacés par des buffs, les t-shirt raccourcissent et sont plus moulant, on se maquille, les garçons aussi mettent un certains temps à se préparer bien qu’il n’ont pas grand choses à changer. Tous sont super bien équipés en vêtements, chaussures, sac à dos, ce qui fait stresser Chacha (chaussures pour crampons, guêtres …) car elle a peur de ne pas pouvoir suivre le rythme. Tout le monde est prêt, deuxième étape: le départ en file indienne, devant Sarah imprime le rythme interdiction de la dépasser, j’apprends cela de Chacha après l’avoir dépassée et déposée pour faire une photo de la chenille (ça râle un peu du comportement dangereux de Damien). Donc on reste dans le rang et on marche lentement même pour Chacha c’est lent ce qui la rassure, je reste derrière pour faire des photos me laisser distancer et avancer à mon rythme, comme je fais avec Chacha. Arrivés, troisième étape: installation du campement,  nous avons une super vue sur le Damavand (le cône), nous sommes les premiers à avoir fini de s’installer (faut dire qu’ils en ont du barda), on joue au frisbee, mettons la musique à fond, ça danse (nous apprendrons plus tard qu’il est interdit de danser en Iran) et ça mange, beaucoup (on comprend mieux le barda, il y a de quoi nourrir un stade). Avec la nuit qui tombe, le vent qui souffle un peu, le froid qui s’installe, soit on mange dans les tentes soit on danse dehors. Vers 21h on se glisse dans les duvets sauf pour ceux qui dansent qui iront se coucher à 22h tappante.

Vendredi, les réveils sonnent à 5h du mat, on prend nos petits déjeuner dans les tentes, puis on sort pour un réveil musculaire, que j’esquive pour prendre des photos. On repart toujours à la queuleuleu, mais avec un éclaireur fonctionnant au GPS, j’ai nommé Nasser, mari de Sarah. Il ne regarde que son GPS et le suit au cm près, je me demande comment il fait pour ne pas trébucher tellement il a les yeux rivés dessus. Il est vrai qu’il y a parfois DES chemins, parfois non, et surtout aucun balisage et aller savoir comment a été traçé l’itinéraire sur son GPS. Tout le monde le suit à la trace, parfois avec Chacha on sort du groupe pour prendre un rythme qui nous convient mieux et surtout pour ne pas galérer dans sa trace, il suffit de se décaler de 5m pour avoir une piste plus facile ou faire des zig zag pour moins chauffer les cuisses. Petit à petit je passe devant discrètement, et donne mon avis sur l’itinéraire et le groupe me suit pas mécontent de ma trace. Nous arrivons au bout de la difficulté du jour, ensuite nous suivons « l’arrête », au sommet de cette difficulté nous pouvons voir l’autre versant et surtout une chaine de montagne aux sommets enneigés. Nous voyons une petite portion de la chaine qui fait 40km de long à plus de 4000m, c’est magnifique. On continue notre randonnée en fil indienne parfois un peu dispersée, certains marchent à l’avant, d’autres trainent à l’arrière, parfois je sort du rang pour faire des photos (même Chacha sort du rang pour aller discuter à l’avant avec notre éclaireur au GPS car elle perd patience, le rythme est pour une fois trop lent pour elle), on discute, échange, et surtout très régulièrement nous faisons des pauses pour manger, on se demande combien de kilo de nourriture ils transportent. Vous partez 15 jours en trek je ne sais où avec eux, vous ne perdez pas un kilo, peut être même vous en gagnerez. Nous arrivons sur la partie sommital, il y a de plus en plus de neige, et ce n’est pas très agréable avec nos petites chaussures, on demande si on peut les attendre juste en dessous du sommet, pas de soucis. Certains s’arrêtent avec nous, on construit un gros cairn, les autres croient rejoindre le sommet (le tracé du GPS passe à coté sur l’arrête), le sommet c’est le dôme derrière. Tant pis le sommet atteint ou non, c’est une magnifique randonnée, avec des gens incroyables, qui ont tout fait pour que l’on se sente bien avec eux et que l’on ne manque de rien. La descente se fait plus rapidement, il y a toujours les pauses où l’on mange mais moins fréquemment, Vers 14h 15H tout le monde est au campement pour manger bien sûr, on plie les tentes, range, petite partie de frisbee pour les plus rapide et on rentre au minibus. Pendant le retour nous avons le droit à un freinage d’urgence sur des vibreurs et les graviers avec porte du chauffeur qui s’ouvre pour un arrêt pipi/pastèque, puis un deuxième arrêt beaucoup plus calme pour des glaces. Rentrés à l’appartement nous ne veillons pas, une douche et au lit.

Samedi, après un bon petit dèj nous emmenons Enselle au bikeshop, je me fais à la conduite iranienne qui est la pire que l’on ait vu pour l’instant. En attendant qu’ils réparent notre petit souci de pédalier, je me fais dorloter par un jeune barbier aux gros muscles. Puis achat d’un sifflet avant de se pauser dans un parc pour grignoter, où des écoliers tous excités nous font la conversation. On récupère Enselle, et rentrons avec le sifflet à la bouche comme avertisseur sonore qui fonctionne très bien. On profite de l’après midi pour refaire des photos d’identité pour les visas turkmènes (sans voile ni barbe), pour acheter un manteau au style iranien pour Chacha (ça commence à lui en faire des vêtements caches fesses). Le soir nous sommes invités chez Amin et Alleha pour le repas de rupture de jeûn, ce sont les premiers musulmans que nous croisons en Iran. On passe une super soirée, à découvrir de nouveaux plats, à jouer au jeu corridor et au mime.

Dimanche, réveil difficile tellement difficile que pour aller chercher nos visas Ouzbèques on devra prendre un taxi après le métro pour arriver avant la fermeture. Entre 2 agences nous récupérons nos visas, on prend le bus pour rejoindre le métro et traverser Téhéran. Nous visitons le Jewelry museum, après avoir mangé un sandwich « cachés » dans un cul de sac avec d’autres morts de faims iraniens. Le musée se trouve dans une banque, nous passerons 3 portiques de sécurité avant de rentrer dans un coffre fort. L’ensemble de la collection à une valeur inestimable, les bijoux, les sabres, le trône, un immense globe et tous les autres objets sont couverts de pierres précieuses, de perle, et parfois ce sont juste des montagnes de pierres précieuses en vrac. C’est un truc de ouf, en sortant nous achetons un petit livret pour avoir des images car on n’a pas le droit de prendre de photos, bien que certains objets devraient restés incrustés dans nos mémoires, comme les représentations de femme nues en Iran (d’où l’interdiction de photos ?!). En rentrant nous faisons le tour de l’ancienne ambassade des états unis, achetons de la glace au melon et au safran (le safran se trouve partout en Iran), et profitons de nos hôtes.

Lundi, en route toujours tardivement pour le Golestan Palace, l’entrée est chère, mais on peut choisir à la carte nos visites du palais, nous ne visiterons donc que le parc et le bâtiment principal. Ça vaut vraiment le coup, des pièces entières en mosaïque de miroirs, un parc agréable avec de jolies façades de bâtiment. Nous enchainons avec le bazar, qui est une ville dans la ville, des quartiers pour les tissus, d’autres pour les tapis, d’autres pour l’électroménager, pour la couture, … Dans tous ça nous croiserons Chloé, sa famille et un ami, l’une des cyclotouristes que l’on a rencontré en Albanie (improbable dans se dédale de ruelles), on papote en bon français au milieu du bazar. Puis nous rentrons faire quelques courses pour faire à manger à nos hôtes.

Mardi, c’est au tour de bob de passer chez le médecin, direction le garagiste spécialiste du pot d’échappement. Ce n’est pas que bob a des problèmes d’aérophagie, mais nos hôtes font toujours le maximum pour que l’on soit le mieux servi. Et encore une fois le garagiste stoppe ses affaires pour s’occuper de nous, comprend notre problème, fait son diagnostic et passe à l’action. Ce n’est pas grand chose, la béquille est fixé sous le fond de Bob qui est en forme de grillage, et avec le poids de nos affaires elle a cédé. Notre garagiste ressoude le tout, nous refixe la béquille avec de nouvelles vis, et on repart sans pouvoir laisser un billet. Nous redéposons Enselle et Bob à l’appart, sur le retour une voiture qui nous a pas vue a failli nous renverser, mais avec un petit écart et un bon coup de sifflet tout se passe sans accroc juste une bonne frayeur (il est vrai que parfois on a l’impression que les iraniens conduisent sans les rétroviseurs et avec une minerve d’où l’importance des avertisseurs sonores) . On repart à pied (pas moins dangereux quand vélo dès qu’il s’agit de traverser une rue) et métro pour rejoindre le parc et le fameux pont piéton Tabiat et manger. Les parcs sont super bien aménagés pour se balader, faire du sport, pic niquer, ils sont très agréables, et le pont vaut le coup d’œil et offre une jolie vue sur la ville. Retour à l’appartement, et il n’y a toujours personne, Chacha en profite pour préparer une salade de fruit pour le repas. Vahid rentre avec une belle surprise, il nous montre une photo dans son portable, se sont les visas que Sahar est allée récupérer. Elle rentre à son tour avec les passeports pensant pouvoir nous faire une surprise, mais Vahid était trop excité pour tenir sa langue, dommage que l’alcool soit interdit, ce sera fruits pour fêter ça (il est très difficile d’obtenir un visa pour l’Europe pour les iraniens, nos amis ont obtenus un visa Schengen pour la France). Pour notre dernière soirée avec eux, nous nous rendons au Qars muséum celui qui était fermé pour cause de ramadan. Nous trouvons un parc très animé, c’est la fête, un concert de musique entrainante (pop iranienne) pas entière (coupée par un maestro). Par contre nous sommes surpris que tout le monde soit assis sur des chaises, Sahar nous explique qu’il est interdit de danser, on écoute un peu. Puis on retourne à la recherche de la billetterie que l’on cherche depuis un petit moment, nous avons déjà fait une partie du parc, faisons le tour du premier bâtiment pour retomber sur le concert, en fait la billetterie et l’entrée du musée sont derrière la scène. Resurprise nous tombons sur un entrainement d’un sport classé à l’UNESCO, c’est le premier sport qui se pratique avec de la musique; Zoorhane. Un genre de chef d’orchestre joue du « tamtam », de la cloche et chante, pendant que les sportifs dans une fosse en hexagone et en marbre font différents exercices avec différents instruments comme des boucliers de 60kg, ou des massues de 20kg, c’est impressionnant. On reprend notre visite du musée, l’heure tourne on n’a pas le temps de faire la deuxième partie que l’on remet à plus tard. En rentrant pour fêter leurs visas, on veut leur payer une glace et on ne le pourra pas, tradition Iranienne, c’est eux qui nous payent une glace au safran dans du jus de carotte (à défaut d’une bière).

Enorme MERCI Sahar et Vahid !

3 réflexions sur “Téhéran

  1. Véro 22 juin 2018 / 13 h 10 min

    C’est vraiment extraordinaire, les photos magnifiques, quel voyage 🤩 !!!
    Bises à vous deux

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  2. thérèse 22 juin 2018 / 13 h 19 min

    Au vu des photos, les Alpes et le château de Versailles ont une forte concurrence iranienne! bisous …et pensez un peu à votre ligne!

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    • damscha 22 juin 2018 / 16 h 43 min

      on y pense à notre ligne, le régime tourista est hyper efficace 😉

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