De Gjirokaster à Corinthe

Samedi 10 février, nous nous levons, habillons (cycliste et tout et tout), commençons à ranger, allons manger, retournons dans la chambre pour finir de ranger…  non pour se recoucher, il pleut beaucoup, il y a du vent, vraiment pas envie de sortir. Une journée ou on ne fera rien du tout, l’esprit tranquille avec le passeport en poche, juste à regarder les JO, faire une vidéo, regarder les différentes options d’itinéraire pour les jours suivants.

Dimanche, nous décollons il pleut mais pas de vent, bizarrement on a du mal à atteindre la frontière, pourtant la route est facile, peut être que l’on était trop bien en Albanie. A la frontière nous sommes les seuls à ne pas être fouillés, mais ils ont hésité un peu. Nous attaquons les montées et descentes de Grèce toujours sous la pluie. Un stop dans un café pour se réchauffer, où l’on rigole sur les cheveux de Damien avec un couple. Et nous repartons pour chercher un lieu où dormir, nous trouvons une station service ou nous pouvons poser notre tente sur une terrasse couverte, spot parfait: eau et toilettes (vue sur les camions, la route et la station).

Lundi, nous nous réveillons après une bonne nuit rythmée par les aboiements des chiens (hurleurs). En parlant de chiens, nous avons testé une nouvelle technique pour contrer ceux qui nous courent dessus crocs dehors, avant c’était courage fuyons, à fond sur les pédales, en slalomant entre les chiens qui abandonnent après quelques centaines de mètres pour les plus costauds. Maintenant si on nous aboie dessus et qu’il n’y pas de barrière qui nous sépare, on stope et descend de Enselle (si le chien est gros on met Enselle entre nous et lui), et la réaction des chiens est amusante, ils ont l’air décontenancé. Reprenons, petit dèj et toilette dans la station, et c’est parti pour la descente jusqu’à Ioannina dans la brume, nous apercevons les montagnes blanchies.  Puis visite des acropoles (il ya en a 2 à Ioannina), avec vue sur le lac et les montagnes et un peu de ciel bleu.

Mardi, nous chargeons Enselle au sec, et partons bien-sûr avec la pluie pour le sud et non pour les Météores. Car on aurait du prendre un col à 1700m (et un autre un peu plus bas), mais la météo ne nous le permet pas, trop de neige en haut. Donc on va chercher des température plus clémentes, ici il fait 10°c mais 10°c qui fait froid. On roule sous la pluie sur une route à camion (grosse route pas très agréable à vélo), et la pluie ne fait que s’intensifier. Au bout d’une heure Chacha a les pieds dans une piscine de glaçons, les mains pas au mieux, on s’arrête donc au milieu de nul part et avec de la chance c’est un temple du baklava que nous trouvons, buvons un thé pour réfléchir à ce que l’on fait. Car en fait en face il y a un hôtel, on craque et prenons une chambre (ça reste dans nos prix, ce qui est une bonne surprise car on peut compléter ce réconfort avec des baklavas). La pluie ne s’arrête pas, pire redouble, en fait on apprend que l’on est en risque orange pour inondation et orage, qui sera très beau le soir même. Nous avons cassé un rayon le matin, nous essayons de le changer, mais ce n’est pas possible d’enlever la cassette, on y met toutes nos forces, on a maintenant de bonnes jambes mais pas de bras. Tant pis on remet ça au lendemain en s’arrêtant dans un garage ou autre, et les baklavas nous attendent, il serait dommage qu’ils s’impatientent.

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Mercredi, petite averse le matin et belles éclaircies plus la journée avance. Ça fait trop plaisir, en plus on a fini la route à camion et pris une petite route bien sympathique on kiffe. Notre Chacha, qui a un moral fonctionnant à l’énergie solaire, retrouve le bonheur de pédaler quand elle n’est pas perdue dans le paysage sur son petit nuage, merci les filles Dupré pour le klaxon qui permet de lui rappeler que l’on est sur un tandem (et donc qu’il faut qu’elle pédale elle aussi). Nous grimpons un petit col, croisons des troupeaux de chèvres, moutons, un château rien que pour nous, les grecques sont prévenant avec nous et nous offrent des oranges, on s’amuse bien, trop bien. Il faut bien rajouter un peu d’aventure dans cette journée, dans la belle descente on casse un deuxième rayon, la roue n’est pas trop voilée on continue tranquillement, au pied de la descente il y a Arta et on devrait trouver de quoi réparer cela (juste besoin de dégrippant). On avance surement sans trop forcer, et à moins de 3 kms de la ville, un gros « claq » (plus fort qu’un rayon qui casse) fait trembler Enselle. Nous on ose pas regarder, on avance sur une roue carré, atteignons un vélociste fermé, un deuxième fermé, en fait les magasins ferment de 15h à 17h (comme à midi chez nous). On trouve le seul hôtel ouvert, trouvons la raisons du claque, le moyeu est cassé, et on est mercredi. Le mercredi les magasins ne rouvrent pas l’après midi, on doit passer la nuit ici.

Jeudi, on trouve une roue où l’on peut fixer un disque, mais pas assez costaud pour Enselle ça fera les kilomètres pour Patra ou Athènes, enfin on espère. Nous visitons la ville et ses sites archéologiques, et laissons passer la pluie pour repartir le lendemain.

Vendredi, grand ciel bleu, route magnifique entre montagnes, mer, et champs d’orangers, de citronniers. Pour mettre un peu de piment sur ce trajet, notre nouvelle roue (Wheel 2) fait des siennes, les rayons se desserrent, et donc la roue se voile. Tout les 10 /15 kms on doit s’arrêter pour tout resserrer.  Au bout de 50kms assez vite avaler on fait une longue pause pour manger, et rerégler tout ça (mais c’est vraiment galère et la roue reste carrée). Un vélociste n’ose pas y toucher, et nous dit d’aller à Agrinio où on pourra s’occuper d’Enselle. C’est à 40kms, toujours une belle route entre montagne et lac, mais Wheel 2 simule des bosses tout le long. On passe la nuit à Agrinio, après 90kms de vélos, et on a dépassé les 4000kms.

Samedi, direction le vélociste, il nous dévoile la roue, colle les rayons pour ne pas qu’ils se dévissent. Nous sympathisons avec Nantos (propriétaire de Vélocity à Agrinio) qui prévient un shop sur Athènes qu’on arrive et qu’il nous faut une roue très costaud, et nous donne un itinéraire sympa sans qu’il soit trop usant pour Wheel 2. Le soleil a prit le relaie de la pluie, on tombe la veste. On suit les berges d’un lac, nous engouffrons dans une gorge, redescendons sur la mer. On longe la mer, contourne une montagne de 917m, grimpe une autre montagne, snobons une jolie plage bivouac (spot nickel mais avec une grande descente et qui dit grande descente dit grande montée au réveil). On trouve une autre plage, mais des gens nous disent de partir car c’est dangereux! On va chercher un hôtel, mais ils sont tous complets car c’est carnaval à Patra (plus grand carnaval d’Europe). Tous les Grecques se retrouvent à Patra pour se déguiser, défiler, et surtout faire la fête, cela nous fait penser aux férias. Pour nous c’est un peu moins la fête car on n’est pas à Patra, que tout est complet, on pense camper dans un parc. Mais un monsieur est très intrigué par notre tandem, Damien tente d’engager la conversation avec, il comprend juste que les hôtels sont full. Chacha revient et la il comprend que l’on ne sait pas où on peut planter la tente (Chacha est très forte en mimes), il réfléchit (il doit chercher au plus profond de sa mémoire le mot « garden »), et on se retrouve après 90kms de vélo à poursuivre un scooter dans les rues du village. Il nous a proposé de planter notre tente dans son jardin, nous passerons la soirée à regarder le carnaval à la télé avec Mimich, à discuter par dessin et google traduction, Mimich à plein de questions à nous poser sur notre voyage, sur Enselle, la politique. Nous on lui pose des questions sur la langue grecque (franchement on ne comprend rien, pour nous ce sont des mots avec des équations mathématiques au milieu, on fait tout juste le lien avec Thalès et Pythagore), et sur le carnaval qui nous impressionne beaucoup, puis sa femme rentre elle nous fait gouter un gâteau et un alcool local à la cannelle le Tentura(trop bon). A minuit on va se coucher, on n’en peu plus, mais Mimich à encore plein de questions, heureusement sa femme nous soutient.

Dimanche, après une bonne nuit nous reprenons les conversations de la veille, et nous repartons en faisant la promesse à Mimich de lui envoyer un rapport sur tous les pays que nous allons traverser. Pour reprendre la route nous avons un choix cornéliens à faire, traverser un ponts de 2,3kms de long, haut de plus de 60m, sachant que Chacha déteste cela, ou prendre un ferry pépère au chaud le tout gratuitement. Le choix est fait, se sera le ferry sur le ponton pour faire plaisir à Damien. Un fort Vénitien nous attend de l’autre côté (il ressemble à un château de sable), nous complétons notre petit dèj et poursuivons notre route. La route serpente sur la côte nous faisant découvrir le golf de Corinthe. Nous passons Eggio, où le carnaval bas son plein, pour nous perdre au milieu des champs de citronnier et d’oranger, c’est beau mais il y a toujours ces chiens agressifs qui ne supportent pas que des humains pédalent, pousser le vélo ça passe mais surtout ne montez pas dessus. On se retrouve sur la plage où l’on pique nique et cherchons où poser la tente, se sera un petit camping avec douche chaude ça fait plaisir.

Lundi 19 février, c’est un jour spécial en Grèce, le lundi pur, c’est férié et le jour du cerf volant sur les plages. Malheureusement, il pleut un tout petit peu et les grecques ne sortent pas quand quelques goutes tombent du ciel. Nous partons d’abord à la recherche de la route principale, une fois dessus direction Xilokastro, une route sympathique longeant la mer, un peu de vent de face, et les jambes sont un peu lourde. On boucle nos 50km quotidien et ne cherchons pas à en faire plus, du repos c’est tout ce que demande nos jambes, surtout qu’elles sont déçues de n’avoir vue qu’une dizaine de cerf volant voler (snif).

Mardi, on est requinqué, Enselle gonflé à block, 3 coups de pédale pour faire chauffer les pneus, et on bat nos records de vitesse sur le plat, pratiquement 20km/h de moyenne. Le temps est chafouin, mais nous on a des ailes et on kiffe. On rattrape 2 cyclotouristes (des canadiens) partie le 16 octobre d’Islande. Comme nous ils se sont taper pas mal de pluie et commencent à fatiguer, et ils n’ont pas la même forme que nous en ce jour. Dur, on sent qu’ils ne veulent pas trop discuter, donc c’est difficile d’essayer de les remotiver, ce serait dommage de stopper leur voyage à cause d’un hiver humide (en même temps c’est l’hiver) alors que le printemps est si proche. On repart, toujours avec les pédales super légères, on arrive à Corinthe (36km en moins de 2h) trop rapidement. On hésite à poursuivre, on va s’installer sur le port pour manger. On y rencontre 2 autres cyclotouristes Belges, ils sont partie de Patra et rejoignent le Cap Nord. Leur projet est sympa, chaque kilomètre qu’ils parcourent correspond à un arbre qu’ils vont replanter (vous pouvez les suivre et faire un don sur leur site http://www.cyclingfortrees.com). On discute et décidons de passer le reste de la journée avec eux, donc de dormir à Corinthe. Ils sont à l’opposé des canadiens au niveau moral, tous excités de débuter leur voyage, on passe une bonne soirée avec eux et en plus ils jouent de la guitare et chantent super bien. Ah oui j’oubliais, on a explosé la chambre air à cause de Wheel 2.

 

 

 

 

2 réflexions sur “De Gjirokaster à Corinthe

  1. Dupré 26 février 2018 / 18 h 04 min

    Super article, m’a bien fait rire.
    Ah enfin le klaxon s’est fait entendre hihi
    Vous faites de chouttes rencontres, meme le soleil.
    Bisous bisous

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  2. véronique dupré 26 février 2018 / 18 h 54 min

    merciiiii pour cet épisode,encore et toujours un immense plaisir de vous lire
    bisous et bonne traversée pour Chios…

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